Histoire d’adoption : j’ai encouragé une usine à chiots sans le savoir
- Les dog MOMS
- 11 avr. 2018
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 avr. 2018
Quand j’ai adopté Ozzy, je n’avais que 13 ans. Pour ma famille et moi-même, c’était une grande première ! Nous n’avions jamais eu de chien auparavant. Et comme beaucoup de maîtres novices, nous avons fait l’erreur de choisir un chiot sur un coup de tête sans préalablement nous informer sur les endroits qui sont recommandés ou non pour faire l’acquisition d’un petit être vivant…

Comment s’est arrivé ? Ma meilleure amie, qui comme moi avait demandé 100 000 fois à ses parents de lui acheté un chien, a finalement réussi à obtenir ce qu’elle désirait tant. La journée même de l’adoption de Charly, elle est venue souper chez moi et amena celui-ci avec elle. Dès que mon père a aperçu les petits yeux brillants de Charly, il n’a pas su résister. À mon grand bonheur, il m’annonça que nous irions chercher également un chiot le lendemain matin, au même endroit qu’elle avait pris le sien.
Quand nous sommes arrivés chez «l’éleveur», nous étions tellement emballés par ce nouveau projet, que nous n’avons même pas porté attention à l’environnement dans lequel notre petit Ozzy a été conçu et mis au monde. Aujourd’hui, j’ai vieilli et je suis beaucoup plus informée que je l’étais à l’époque. Quand je prends du recul et que je repense à l’endroit où nous sommes allés chercher notre chiot, je me dis «Quelle horreur !». Pour n’importe quelle personne qui aurait déjà entendu parlé des usines à chiots, l’évidence que cet endroit en était une lui aurait sauté aux yeux !
En plein mois de novembre glacial, des dizaines et des dizaines de chiens mâles de petites races étaient entassés dans des enclos en grillages à l’extérieur et jappaient en nous voyant arriver. Une fois dans la maison de «l’éleveur», nous avons été accueillis par d’autres dizaines de petits chiens de races mixes, cette fois-ci c’était les chiots. La demeure était pleine à craquer.
Nous étions venus chercher un «shipoo», comme Charly. Shipoo signifie mélange de shih tzu et de caniche miniature (toy poodle). Certains «éleveurs» donnent un nom aux mixtes de plusieurs races pour donner l’illusion aux acheteurs qu’ils feront l’acquisition d’un chien de race, et se permettent ainsi de vendre les chiots à un prix plus élevé. Ces nouvelles «races» inventés par les «éleveurs» sont de plus en plus populaires. Nous n’avons qu’à penser aux fameux «goldendoodle et «labradoodle» que l’on voit de plus en plus apparaître.
Selon la dame qui nous accueillait, tous les «shipoos» provenait du même mâle reproducteur, qui s’appelait Roméo. Nous avons eu le droit de le rencontrer. Toutefois, il ne s’agissait pas du même chien qui avait été présenté la veille à mon amie et sa famille, ce qui aurait déjà du sonné une alarme. Pour ce qui est des femelles, nous n’avions pas la permission de les voir. Qu’avait-on à nous cacher au sujet des femelles ? Des chiennes entassées dans des cages couchées dans leurs excréments ? Des mamelles enflées et pendantes à l’extrême ? Des pauvres bêtes malades, blessées et mal nourries ? Probablement… Une chose est claire, le manque de transparence était flagrant.

Quand le temps est venu de choisir notre chiot, deux petits nous ont été présentés. Le premier était très maigrichon et n’avait pas de poil sur le thorax. On nous expliqua que son sevrage avec sa mère s’était mal passé et qu’il avait refusé la nourriture qu’on lui présentait. Selon la dame, il avait dut être nourri à la seringue avec un sirop nutritif et collant, qui avait coulé sur son poil, ce qui avait occasionné des nœuds qu’elle avait du rasés. Le deuxième était encore plus petit. Il avait un pelage parfait, des beaux yeux pétillants et était rempli d’énergie. La dame nous averti qu’il serait vendu plus cher car il devait supposément rester plus petit que le premier à long terme. Comme j’ai toujours eu un penchant pour les chiens qui font pitié, j’ai évidemment pris le premier. C’est ainsi qu’Ozzy se retrouva chez moi : sans preuves de vaccination, sans contrat et très maigre, mais accompagné de tout l’amour qu’une petite fille de 13 ans avait à lui donner.
Malgré les mauvais souvenirs de cet élevage sombre et triste, je ne regretterai jamais d’avoir choisi Ozzy. Je ne suis pas fière d’avoir encouragé une usine à chiots, mais à mes yeux, mon chien sera toujours le meilleur chien du monde. J’ai appris de cette expérience et je sais que désormais que j’adopterai mes futurs chiens en refuges car c’est le choix qui correspond le plus à mes valeurs.

Saviez-vous que les chiots provenant de ces élevages sont vendus partout au Québec ? Sur Kijiji et autres sites d’annonces, dans les marchés aux puces et même en animalerie ! Récemment, le Groupe d’Intervention Pour les Animaux de Compagnie du Québec (GIPAC-Q) a publié un statut sur Facebook qui m’a interpellé car il résume parfaitement les signes qui devrait sonner l’alarme vous avertissant que vous faites affaire avec une usine à chiots ou un éleveur de fond de cour. Comme cette cause me tient énormément à cœur, je pense que je ne répèterai jamais assez qu’il faut cesser d’encourager ces personnes qui font l’élevage massif de chiots uniquement dans le but de faire de plus d’argent possible. C’est pourquoi il me fait grand plaisir de terminer cette chronique en vous partageant le statut Facebook de GIPAC-Q sur les 10 signes qui ne trompent pas, afin que vous soyez vous mêmes en mesure de faire un choix plus éthique si vous désirez adopter un chiot.
1 L'éleveur permet aux chiots de quitter la mère avant 8 semaines? On vous dit que les chiots sont sevrés afin qu'ils puissent quitter maman? C'est faux! Il est absolument essentiel que les chiots restent avec leur mère et leurs congénères pendant au moins huit semaines. Beaucoup d'éleveurs responsables ne leur permettront pas de quitter au moins jusqu'à 10 semaines. Les chiots apprennent des habiletés sociales vitales de la part de leur mère sans quoi les chiots peuvent développer des problèmes sociaux et de comportement plus tard dans la vie.
2. L'éleveur ne vous permet pas de voir les parents? Un éleveur responsable devrait être plus que disposé à vous permettre de rencontrer les parents de votre futur chiot. Vous pouvez apprendre des informations clés de l'observation des parents. À quoi ressemblera mon chiot à maturité? Quel est le tempérament possible de mon chiot? Vais-je être capable de gérer ce chiot quand il sera de la taille de ses parents?
3. L'éleveur ne vous permet pas de visiter? Il est essentiel de voir où les chiots sont élevés. Les chiots devraient être gardés ensemble avec leur mère et élevés avec les membres de la famille. L'éleveur fait beaucoup de socialisation avant l'arrivée à la maison de votre bébé à quatre pattes. Les visites multiples (une fois que les chiots sont assez vieux) doivent être fortement encouragées. Si les chiots sont dans une zone de contact humain limitée, fuyez!
4. L'éleveur ne vous pose pas de questions? Pour un éleveur responsable, ces chiots sont comme leurs enfants. Ils veulent s'assurer qu'ils vont être bien. L'éleveur doit vous poser des questions sur votre connaissance de la race et votre mode de vie. Ne vous sentez pas mal à l'aise avec la grande quantité de questions. Ils essaient juste de garder l'intérêt de tous à l'esprit. L'éleveur saura vous donner un paquet d'informations sur la race, de sorte que vous pouvez être sûr que c'est la bonne race pour vous.
5. L'éleveur reproduit plusieurs types de chiens? Le but d'un éleveur responsable est d'améliorer la race. Comment sont-ils capables de le faire s'ils se concentrent sur quatre ou cinq races différentes? Améliorer la race est un processus très compliqué. Lors du jumelage des chiens pour se reproduire, l'éleveur doit prendre en compte les traits de caractère des parents et comment cela affectera leur progéniture.
6. L'éleveur ne délivre pas un contrat castration/stérilisation? Un éleveur responsable émettra un contrat d'enregistrement limité qui exige que vous stérilisiez votre chien à partir d'un certain âge.
7. L'éleveur a toujours des chiots disponibles? Les éleveurs les plus responsables vont créer une liste d'attente de personnes qui s'intéressent à leurs chiots et ne fera que reproduire quand ils ont assez de gens pour adopter la majorité de la portée. Ils veulent être sûrs qu'ils ont des maisons fantastiques prêtes pour leurs chiots avant même leur naissance.
8. L'éleveur ne fournit pas un contrat? Un contrat devrait indiquer une garantie de santé, ce que l'éleveur attend de l'acheteur, et ce que l'acheteur doit s'attendre de la part de l'éleveur. Chaque race a des tests de santé différents qui doivent être faits avant que les chiots soient adoptés. Par exemple, les grandes races auront des tests d'hanches. Demandez les résultats de leurs tests de santé. Le contrat doit également préciser que si vous êtes incapable de prendre soin de votre chiot, le chiot doit revenir à l'éleveur. Un éleveur responsable ne permettra jamais que l'un de ses chiens finissent dans un refuge ou ailleurs.
9. L'éleveur n'est pas actif dans les clubs de races spécifiques? Les éleveurs sont vraiment passionnés par leur race et essaient toujours d'en apprendre davantage. Une façon courante de faire cela est de devenir actif dans les clubs spécifiques, locaux ou nationaux. L'adhésion à l'un de ces clubs montre que l'éleveur est prêt à continuer à apprendre pour aider l'amélioration de la race.
10. L'éleveur ne vous encourage pas à rester en contact? Comme il a été dit, ces chiots sont les bébés de l'éleveur. Ils sont là depuis leur naissance et l'éleveur a observé leurs développements et leurs personnalités individuelles. L'éleveur doit être prêt à fournir une assistance permanente pour vous assurer que tout se passe bien avec votre nouveau chiot. Ils apprécieront également recevoir des photos et des nouvelles de votre chiot qui grandit bien et en santé. L'éleveur voudra maintenir une bonne relation avec vous.
N’oubliez pas qu’acheter, c’est voter ! Si les maîtres de chiens cessent d’encourager l’élevage massif et non éthique, ces «éleveurs» n’auront plus personnes à qui vendre leurs chiots. C’est en faisant des choix réfléchis que l’on peut, à long terme, mettre fin à cette industrie qui n’a pas lieux d’être dans un monde civilisé.
Par Catherine Collin
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